La Fédération de pêche de Saône-et-Loire, en partenariat avec l’AAPPMA de Saint-Ambreuil, vient d’achever des travaux d’aménagement du bras mort du Grand Recard à Marnay. L’objectif de ces travaux était de créer une frayère à brochet, c’est-à-dire une zone humide proche de la Grosne dans laquelle le brochet trouvera des conditions idéales pour se reproduire en période hivernale.
Les travaux ont consisté au réaménagement d’un vannage hydraulique qui présentait des fuites importantes. Ce vannage, implanté dans la partie aval du bras mort, permettra de maintenir un niveau d’eau constant de 80 cm environ dans l’ensemble du bras mort en période printanière. Le but est de s’assurer que les œufs de brochets restent inondés de la ponte jusqu’à l’éclosion (en général 40-45 jours consécutifs d’inondation sont nécessaires) à une période où les niveaux d’eau des cours d’eau et des zones humides attenantes sont en général très fluctuants.
Un passage busé de taille importante (hauteur 0.7 m pour 1.5 m de large) a aussi été aménagé au niveau d’un chemin qui traverse le bras mort. Le chemin coupait, jusque là, le bras mort en deux parties distinctes. La mise en place du passage busé devrait faciliter le déplacement des poissons au sein du bras mort. Il permettra en particuliers, lorsque le vannage est fermé, l’entrée des géniteurs dans le bras mort par l’amont, qui pourront ensuite facilement rejoindre la partie aval, secteur le plus favorable à la ponte du brochet.
Cet aménagement d’un coût total de 11000 € a été réalisé dans le cadre du Contrat de rivière Grosne, avec le soutien financier de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée & Corse qui participe à hauteur de 50 % du montant total des travaux et de la Fédération nationale pour la pêche en France qui participe à hauteur de 25 %.
Ces travaux découlent directement de propositions de travaux d’une étude piscicole réalisée en 2016 par la fédération sur toute la basse vallée de la Grosne. Cette étude avait montré qu’il y avait peu de brochet dans la partie aval de la Grosne, entre le moulin Neuf à Saint-Cyr (dernier moulin de Grosne) et la Saône. Ce résultat s’expliquait par un habitat de qualité moyenne (moins d’abris favorables au brochet que d’autres secteurs de Grosne) mais aussi par un faible nombre de zones humides aujourd’hui fonctionnelles pour la reproduction du brochet. Suite à cette étude, le bras mort du Grand Recard avait été identifié comme étant la frayère de la basse vallée de la Grosne ayant le potentiel le plus important pour le brochet : ce site présente en effet, sur une surface importante (1.2 ha), une végétation favorable à la ponte du brochet (carex principalement). Le brochet venait déjà s’y reproduire mais, sauf en cas des printemps très humides, les œufs étaient exondés avant leur éclosion. Les travaux réalisés pourraient permettre le succès de la reproduction du brochet chaque année.
Les travaux réalisés dans cette frayère ne constituent que la première étape d’un programme plus ambitieux de restauration des populations de brochet dans la basse vallée de la Grosne. 9 autres zones humides ont d’ores et déjà été identifiées comme ayant un potentiel pour la reproduction du brochet et pourraient donc être aménagées dans le futur.
Pourquoi le brochet se raréfie ?
Malgré des programmes d’importants d’introduction menés par les AAPPMA de Saône-et-Loire, les populations de brochet sont menacées sur quasiment l’ensemble du réseau hydrographique de Saône-et-Loire. Cette espèce est d’ailleurs inscrite sur la liste rouge des espèces de poissons d’eau douce menacées en France depuis 2010 (avec le statut vulnérable). Les travaux d’aménagement des cours d’eau (curage, recalibrage, rectification, …) réalisés dans les années 1960 à 1990 expliquent en partie la raréfaction du brochet : ces travaux ont en effet engendré une réduction drastique des abris indispensables à cette espèce dans le lit mineur des cours d’eau : herbiers, amas de branchages, … Par ailleurs, les barrages importants liés aux anciens moulins, créent souvent des retenues d’eau si profondes qu’elles limitent elles aussi le développement des herbiers indispensables au brochet. Enfin, les zones humides proches des cours d’eau dans lesquelles le brochet se reproduit ont elles aussi été détruites pour des besoins agricoles, en raison du développement urbain (développement de zones commerciales en zone inondable, construction de routes, …) ou encore pour la création de plans d’eau.