Espèce exigeante sur la qualité du milieu, le brochet (Esox lucius) est actuellement en régression sur le territoire français. Il est d’ailleurs inscrit depuis 2010 sur la liste rouge des espèces menacées. Les raisons de cette régression sont multiples : assèchement des zones humides, nécessaires à sa reproduction et à la croissance des juvéniles, barrages empêchant la migration des géniteurs, dégradation de ses habitats dans le lit mineur des cours d’eau, concurrence avec des espèces de poissons carnassiers allochtones, surpêche, …
Dans le but d’améliorer les connaissances sur les populations de brochet en Saône-et-Loire et pour proposer des actions de restauration et de préservation cohérentes aux structures gestionnaires des cours d’eau (AAPPMA, collectivités, …), la fédération de pêche de Saône-et-Loire réalise chaque année avec l’appui financier de l’Agence de l’Eau Rhône Méditérannée & Corse et de la Fédération Nationale pour la Pêche en France, un suivi des sites de reproduction naturels de cette espèce ainsi que des frayères aménagées. Il vise à vérifier la fonctionnalité des zones humides pour la reproduction du brochet, phase-clé du cycle biologique de cette espèce. Ce poisson a en effet besoin de conditions très particulières pour se reproduire : contrairement aux autres carnassiers comme la perche ou le sandre, qui déposent leurs œufs sur n’importe quels végétaux ou graviers à proximité de leur zone de résidence habituelle, il doit effectuer une migration afin de trouver des lieux propices à sa reproduction, les prairies inondées. Ces frayères se situent généralement sur les zones inondables des bords de rivières, là où la végétation herbacée est abondante. Pendant les crues, elles doivent être recouvertes de 20 cm à 1 m d’eau pendant environ deux mois. La végétation assure alors le rôle de support pour les œufs, de protection des larves et, associée à un bon ensoleillement, de producteur de plancton.
En 2013, les conditions hydrologiques ont, à priori, été excellentes et ont sans doute permis aux géniteurs d’accéder aux frayères et de maintenir un niveau d’eau suffisant pour permettre l’incubation des œufs et le développement des premiers stades des alevins. Toutefois, la température de l’eau est restée froide assez longtemps et on peut imaginer que l’essentiel de la reproduction s’est fait tardivement (au mois d’avril).
Le suivi de la reproduction consistera à réaliser une pêche électrique dans les frayères à la fin du mois de mai pour observer la présence d’alevins de brochet et ainsi confirmer le succès de la reproduction. 20 sites différents répartis sur la Saône, le Doubs, la Seille, les Sânes, le Solnan et l’Arroux seront étudiés. Un zoom particulier sera fait cette année sur le Solnan afin de mettre en place un programme de restauration des zones humides sur ce cours d’eau dans le cadre du Contrat de Rivière Seille. Les résultats de cette étude seront publiés dans quelques mois sur le site.
Vous pouvez retrouver ici le suivi 2011 – 2012 de la reproduction du brochet : Suivi ésocicole 2011 – 2012